
Le doux rêveur
Alvelino regarde le sol et le voit s’éloigner ; ses pieds s’en séparent lentement, ils marchent dans le vide. Son envol commence maladroitement ; écarter les bras, trouver son équilibre, se pencher pour tourner, avancer, reculer sans même s’en rendre compte un premier temps.
Doucement, Alvelino commence à s’élever vers le ciel avec un plaisir qu’il ne soupçonnait pas possible. Sa route est alors coupée par la droite trajectoire d’un groupe d’oies bernaches, dont il voit disparaître les culs blancs dans le même blanc des nuages. Plus tard, il accompagna le vol beaucoup plus apaisé d’un héron, à peine surpris de voir un petit garçon se joindre à sa danse aérienne.
C’est au détour de la cime d’un baobab qu’Alvelino se senti comme happé par le sol, sombrant en quelques secondes dans une chute vertigineuse qui le fit plonger dans son lit, dans un réveil mêlé d’émerveillement et d’effroi.
Toutes les nuits, Alvelino Faia de Meauterfeuil fait de pareils rêves, et tous les jours, il cherche à les comprendre, en trouver le sens caché, la signification cryptée. Cela fait de lui un enfant à part, attisant les sarcasmes de ses congénères les plus agressifs, et la reconnaissance de Zoé, Pia et Pipo, ses meilleurs amis, qui lui donnèrent le surnom d’Alvelino le doux rêveur.
Plus tard, l’enfant voudra devenir conteur ou chanteur, dans la rue ou sur les marchés ; à l’air libre…