In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti
De son éducation chrétienne, Alexandre-Benjamin de Meauterfeuil n’aura gardé qu’une passion ardente pour les bougies.
Ainsi passait-il toutes les messes, imposées par ses parents avant sa majorité, à dévorer des yeux les cierges aux flammes vacillantes, sur l’autel et les présentoirs disséminés dans les recoins de l’église…
Quand Alexandre-Benjamin dut choisir une orientation professionnelle, c’est tout naturellement qu’il se dirigea vers un apprentissage dans une Ciergerie. Il y entra comme ouvrier et gravit tous les échelons en moins de quinze ans, pour y devenir Directeur de Production. À ce poste, il diversifia la fabrication, essentiellement ciblée jusqu’alors vers les cultes, en l’ouvrant aux marchés de la décoration et de la désodorisation. Son produit le plus vendu fut une veilleuse au chanvre bio, que s’arrachèrent nombre de collectivités bien peu catholiques.
À 33 ans, fatigué par la pression mercantile toujours croissante des banques et de sa hiérarchie, il partit pour une retraite spirituelle de 40 jours dans un humble et discret monastère niché au fin-fond de la Creuse.
Personne ne le revit.
Les villageois observèrent néanmoins que ce prieuré entreprit d’importants travaux de rénovation, financés, dit la rumeur, par la création d’un petit atelier de production artisanale qui vend par Internet dans le monde entier des articles originaux fabriqués sur-mesure avec des cires d’abeille ou de soja, parfumés d’herbes aromatiques et d’huiles essentielles apaisantes…