Étiennette Rivessauve, Gouvernante pas commode

Portrait de Etiennette Rivessauves : gouvernante chez les de Meauterfeuil

dans la force du respect de la parole donnée

À l’âge de 13 ans, Étiennette débarque au château de Meauterfeuil comme apprentie cuisinière ménagère femme de chambre soubrette et souffre-douleur. Solide et résignée, elle prendra du galon et beaucoup de maturité au fil des années.

Quand Mme Rivessauve fut nommée Gouvernante, chacun lui reconnut au moins une chose : elle n’était pas commode.

Mais c’est bien grâce à cette force de caractère qu’elle parvint à prendre en charge toute l’éducation des 7 rejetons de Pierrette de et Marc-André-Philippin de Meauterfeuil quand ces derniers eurent l’étrange idée de décéder précocement… De toute façon, tout va à vau-l’eau dans cette famille depuis des décennies, soupirait-elle pendant la cérémonie d’enterrement.

La Gouvernante prit donc les choses en main et maria fissa l’aîné de la fratrie à une demoiselle, certes futile et assommante, mais riche et consciencieuse.

Restaient 6 filles à placer… Il fallut 8 années pour y parvenir, avec brio pour les 5 premières. La doyenne fit des études d’infirmière pour réussir à épouser un chirurgien, la seconde prit le voile dans une abbaye bénédictine, les 3 et 4 devinrent femme de notaire et de dentiste (le dentiste étant le frère du notaire, Étiennette fut satisfaite de ce d’une pierre deux coups !), la suivante, et sans doute la plus besogneuse, prit la robe d’avocate, qu’elle n’enlevait que pour son compagnon, un politicien influent.

La dernière est aujourd’hui encore militante féministe écologiste et altermondialiste, de toutes les manifestations, adhérente au Parti communiste. Évidemment sans réelle situation. Un véritable échec que jamais la Gouvernante ne se pardonna : elle quitta le château une nuit et personne n’eut plus de ses nouvelles.

Excepté le curé, dans le secret du confessionnal ; et qui, malgré les litres de vodka offerts au bar du goéland aphone, ne dira jamais mot quant à la destinée d’Étiennette Rivessauve, sa protégée mais désormais brebis perdue.

© jean-marin wibaux