Le Gloutard ébouriffé

un étrange animal très attachant

Mammifère reconnu pour son tempérament jovial et son addiction au jeu, il se montre aisément domesticable et fera un parfait animal de compagnie pour toute la famille.

Mais avant d’adopter un Gloutard ébouriffé, il est préférable que vous connaissiez quelques-unes de ses spécificités.

Sachez d’abord qu’il est un rongeur : il ronge tout sans rien ranger derrière (d’où son nom de Gloutard). Ainsi cet animal s’attaque à absolument toute boiserie : porte, fenêtre, poutre, portail, portillon, bien évidement les escaliers et le plancher… Dans le jardin, il apprécie particulièrement les arbres fruitiers et les clôtures.

Sachez ensuite qu’il est préférable que vous habitiez dans une grande propriété isolée à la campagne (le Gloutard chante fort et faux presque toutes les nuits) avec une dépendance qu’il conviendra d’adapter à ses mensurations peu communes : ce sympathique rongeur mesure environ 3 mètres de haut à l’âge adulte pour un poids moyen de 750 kg.

Enfin il vous faudra prévoir de le tondre tous les trimestres (d’où son nom d’ébouriffé).

Dingue de la Saint-Valentin

Le doguicat et la St-Valentin

Le doguicat est un mammifère nocturne vivant dans les rochers entre les Caps de Fréhel et d’Erquy. Il est extrêmement rare de rencontrer cet animal tant il est sauvage et discret, dormant caché 18 heures par jour et ne sortant de sa tanière que quelques minutes la nuit.

Mais ceux qui ont vu des doguicats ne pourront jamais les oublier : cette espèce est animée d’une passion extraordinaire pour la toilette et les accoutrements les plus distingués. Ils passent tout leur temps à élaborer et se parer de costumes, robes, houppelandes, queues-de-pie, chemisiers, redingotes et jaquettes…

Les chercheurs ont découvert que derrière cette coquetterie s’exprimait en fait un besoin vital pour les doguicats : fêter la Saint-Valentin.
L’année entière, ils se préparent pour cette cérémonie, la règle étant de faire de chaque 14 du mois une répétition pour le jour J de février.
Les spécimens qui ont été capturés et mis en isolement à cette date sont tous morts le lendemain : l’existence du doguicat repose sur sa célébration effective de la Saint-Valentin !

Ce jour-là, ils s’offrent mutuellement une rose, et attendent minuit pour la dévorer ensemble, parfois accompagnée d’un bol de lait Ribot.
Le lendemain, chacun repart serein et rasséréné à ses occupations ; c’est-à-dire à la confection de nouvelles parures pour être au mieux 12 mois plus tard…

Gueuldapotre, myriapode psychédélique vivant en clan de 12

12, ni plus ni moins
12, un point c’est tout

La particularité de cette espèce de myriapode psychédélique est son mode de vie sociale : les gueuldapotres vivent toujours en clan de douze individus précisément, en totale harmonie symbiotique.
À douze, ils ne font plus qu’un et de ce fait n’estiment pas être douze mais être un douzième de soi, le summum du bien-être. Ils disent alors juste qu’ils douzainent, de verbe douzainer propre à leur langage signifiant le fait d’atteindre un état d’osmose que seul le groupement à douze permet !

« Jamais treize à table » est la devise suprême des gueuldapotres.
Et « dix à la douzaine » un concept blasphématoire passible de la peine de mort.

Quand par hasard un larron veut s’incruster dans un clan, c’est la zizanie : chacun défend sa place en crachant sur ses voisins, et tous échangent des coups de griffes, de têtes et de dents.
Dans les cas les plus extrêmes, autrement dit quand l’intrus s’impose obstinément, il est de coutume que le groupe mette en place un étrange rituel ancestral respecté de tous : le jeu de la chaise musicale. Ainsi, en chantant d’une seule voix une comptine composée de douze couplets de douze vers tous écris en alexandrin, tournent-ils tous autour de douze sièges mis en cercle. En fin de chanson, chacun doit s’accaparer une place. Celui qui échoue est contraint de quitter le clan, sur le champ et sans recours possible.

Telles sont les règles de vie et de discipline chez les gueuldapotres.

Une fois ce genre de tumulte régularisé, le groupe retrouve sa douzainitude et voit revenir immédiatement le calme et la sérénité propices à ses séances de méditation psychédélique, où chacun dans la communion tribale se remet en quête de la bonne nouvelle, de la paix dans le monde et de la dégustation sans limite de vin ou de bière.
Et ce bel équilibre tiendra jusqu’au moment où un nouvel iscariote (nom donné à ces individus qui viennent jouer le chiffre treize, porte-malheur et sinistre trublion de Satan) pointe son nez pour semer à nouveau la discorde.

C’est la vie, disent les anciens, la vraie vie avec ses cycles de bonnes et mauvaises expériences, et, précisent-ils de manière un peu cérémonieuse, jamais le peuple des gueuldapotres ne connaîtra la quiétude et l’apaisement divin définitif, parce que toujours vivra l’impair, qui va de pair avec le pair, son miroir, sans qui aucun nombre premier ne serait envisageable, ni aucune fonction ne pourrait être définie afin qu’une partie A de B dans B permette que tout x de A − x puisse appartenir à A pour que f (− x) = f (x) ou l’inverse selon le climat et l’humeur des belligérants.
C’est une évidence.

Vous l’aurez constaté : au-delà de sa vie clanique, le gueuldapotre est empreint d’une profonde foi en l’arithmétique, socle d’intimes convictions qui nourrissent la sagesse qu’il acquiert avec l’âge, la méditation, le vin et la bière…

de la pensée et du singe

effleurer l’essentiel

tresser son fil de vie
éclore à son ciel de sagesse
devenir pistil
étamine ou calice
pétales et corolle
telle est la quête du primate
qui médite jour et nuit
devant son amie la pensée
qui n’en pense pas moins
des lubies foliacées
de ce vieux singe mystique

Icare, papillon de nuit

lueurs serpentines pour ultime tentation

La flamme d’une bougie dans la noir comme un soleil d’hiver, froid et plat, aux ombres longues, vacillantes, effilochées ; l’extrême fascination pour quelques insectes nocturnes…

S’y brulent-t-ils les ailes par prétention, naïveté ou aveuglement ?

Face à cette énigme, Icare encore hésite ; est-ce dans la cire que se cacherait la réponse ?