Modem et mots d’amour…
Il était une fois trois petits moutons, Bertille, Vanille et Broutille ; et toujours un loup pour faire peur à tout le monde. Mais du Garou, on en fait fi : il a viré végan et passe ses journées à peaufiner ses plantations.
Non, le problème, c’est Broutille qui se sent toute petite et inutile dans ce monde.
– Elle déprime, quoi, précise Bertille, pour qui tout est pragmatique.
– Mais non : elle souffre, la contredit Vanille, empathique et sensible.
– Elle souffre, elle souffre, ouais : elle se laisse juste allée par manque de volonté ou de motivation, reprend Bertille qui veut toujours avoir le dernier mot.
– Mais tu comprends rien, comme d’habitude, tu n’as que le pognon dans la tête, toi : la réussite, le j’t’embrouille-premier-de-cordée et le chacun-pour-soi-c’est-moi-le-meilleur.
– Mais ma pauvre Vanille, la vie c’est pas les Bisounours, faut la gagner, faut se battre pour s’en sortir, faut en vouloir, faut s’imposer.
– Faut-faut-faut, c’est faux tout ça, t’en fais quoi de l’amour, l’entraide, l’empathie, la compassion, espèce de dinde fripée.
– Compassion, compassion : connerie de passion, ouais, faut que t’arrêtes de rêver, espèce de cucurbitacée tordue.
– C’est toi qui a des arrêtes dans les neurones, vieille pie enrouée.
– J’t’en foutrais de la pie de vache, crasse d’éponge de starlette frustrée.
– Poule mouillée édentée.
– Tas de guano délavé.
– Ver de terre desséché.
– Croûte de calendos écrasée.
– Ramassis d’asticots débraillés.
– Graine de persil défrisé…
Il était une deuxième fois deux petits moutons, Bertille et Vanille, qui ont vu Broutille, exaspérée par leurs bruyants enfantillages, les quitter pour rejoindre le loup dans son potager, et respirer, gratter la terre, caresser l’herbe, contempler les nuages, écouter le silence, retrouver le sourire ;
déconnectée.