intime instant
espérer rêver
aussi longtemps que possible
en suivant les ondes
de ceux qui nous rassérènent
par la beauté de leurs songes
Le goupilaplume vit et se cache sous les ajoncs et bruyères de la Côte de Penthièvre. Comme son cousin le renard roux, le goupilaplume est un grand chasseur et pratique le mulotage pour attraper à grands sauts les rongeurs alentours. A ceci près que ce canidé s’est vu parer d’une écharpe de plumes qui lui permet de prolonger ses bonds et de surprendre ses proies à plus longue distance.
Si dans les villages voisins les anciens racontent encore que cet étrange attribut serait né des incantations d’un druide ermite aux idées saugrenues (pour dire poliment foldingue), ce qui est sûr, c’est qu’ainsi doté d’un si voyant apparat, le goupilaplume est devenu maladivement craintif et timide au fil des années. L’animal s’avère aujourd’hui incapable de tout contact social avec la terre entière, et tout particulièrement avec ses congénères.
Ce qui pose un vrai problème de reproduction : le goupilaplume appartient maintenant aux espèces en voie d’extinction.
Aussi, si vos pas vous amènent un jour à croiser un goupilaplume lors d’une randonnée sur le GR 34, approchez-le avec mille précautions, imitez avec vos bras le vol du héron pour l’amadouer (c’est le seul oiseau qui n’apeure pas ce renard), ne lui parlez pas mais huez-lui (c’est le cri du héron, une sorte de croassement…), revenez au même endroit tous les jours, pour parvenir à créer le climat de bienveillance propice à son apprivoisement. Il vous faudra ensuite recourir à un zoothérapeute pour accompagner le goupilaplume vers une reprise de confiance en lui et en sa communauté.
Tout cela peut être un peu long, mais sachez que vous deviendrez ainsi un artisan de la reconstruction de la biodiversité de notre planète ; une expérience exceptionnelle !
Paix et longue vie à vous comme à toutes les âmes de bonne volonté.
Tavumarolex se voit en concurrence avec tous les autres dieux et Déesses de sa génération. Les plus vieux, il les renie et les plus jeunes il les méprise. Son passe-temps favori consiste à compter et recompter le fruit de ses spéculations.
Ne lui parlez jamais de chance, mais plutôt de coefficient prévisible d’augmentation du capital limitant les pertes grâce aux éventuelles interventions des autorités monétaires et à la flexibilité croissante des marchés.
Si pour vous une opération est évidemment boursière plutôt que médicale ou mathématique, alors Tavumarolex est votre dieu et vous pourrez compter sur lui pour qu’il multiplie vos chances de voir aboutir vos projets financiers, comptables et capitaux.
Comme pour toutes les divinités de la Chapelle du fond du parc de la Citadelle du Ty Pouèt, le recours à l’expertise d’un dieu vous oblige à vous plier à des prières bien spécifiques ; ainsi, pour avoir toute l’attention de Tavumarolex, il vous faudra réciter dans une bijouterie, ou une parfumerie, ou une agence bancaire, ou face à la voiture du postier si vous êtes paumé grave, à 3 reprises et à voix haute le psaume suivant, dit Psaume aux Anges Sans Permis :
Heureux le passant qui ne fait que passer
sans arrière-pensée et ne pense même pas
à dépasser Papi Mamie qui devant
ne sont vraiment pas pressés
Parce que même dans les domaines du bénévolat et de l’aide à la personne, Tavumarolex y perçoit des comptes multidevises à développer par son entremise.
Qu’on se le dise.
Mammifère reconnu pour son tempérament jovial et son addiction au jeu, il se montre aisément domesticable et fera un parfait animal de compagnie pour toute la famille.
Mais avant d’adopter un Gloutard ébouriffé, il est préférable que vous connaissiez quelques-unes de ses spécificités.
Sachez d’abord qu’il est un rongeur : il ronge tout sans rien ranger derrière (d’où son nom de Gloutard). Ainsi cet animal s’attaque à absolument toute boiserie : porte, fenêtre, poutre, portail, portillon, bien évidement les escaliers et le plancher… Dans le jardin, il apprécie particulièrement les arbres fruitiers et les clôtures.
Sachez ensuite qu’il est préférable que vous habitiez dans une grande propriété isolée à la campagne (le Gloutard chante fort et faux presque toutes les nuits) avec une dépendance qu’il conviendra d’adapter à ses mensurations peu communes : ce sympathique rongeur mesure environ 3 mètres de haut à l’âge adulte pour un poids moyen de 750 kg.
Enfin il vous faudra prévoir de le tondre tous les trimestres (d’où son nom d’ébouriffé).
Le doguicat est un mammifère nocturne vivant dans les rochers entre les Caps de Fréhel et d’Erquy. Il est extrêmement rare de rencontrer cet animal tant il est sauvage et discret, dormant caché 18 heures par jour et ne sortant de sa tanière que quelques minutes la nuit.
Mais ceux qui ont vu des doguicats ne pourront jamais les oublier : cette espèce est animée d’une passion extraordinaire pour la toilette et les accoutrements les plus distingués. Ils passent tout leur temps à élaborer et se parer de costumes, robes, houppelandes, queues-de-pie, chemisiers, redingotes et jaquettes…
Les chercheurs ont découvert que derrière cette coquetterie s’exprimait en fait un besoin vital pour les doguicats : fêter la Saint-Valentin.
L’année entière, ils se préparent pour cette cérémonie, la règle étant de faire de chaque 14 du mois une répétition pour le jour J de février.
Les spécimens qui ont été capturés et mis en isolement à cette date sont tous morts le lendemain : l’existence du doguicat repose sur sa célébration effective de la Saint-Valentin !
Ce jour-là, ils s’offrent mutuellement une rose, et attendent minuit pour la dévorer ensemble, parfois accompagnée d’un bol de lait Ribot.
Le lendemain, chacun repart serein et rasséréné à ses occupations ; c’est-à-dire à la confection de nouvelles parures pour être au mieux 12 mois plus tard…