Gastéropode ayant perdu sa coquille au fil des ans et des tourments, la Limassumepa Cendrée se distingue par son étrange croissance. Là où la nature apporte son lot d’expériences qui participent à la maturation de n’importe quelle espèce animale, la Limassumepa Cendrée manifeste pour sa part une « dématuration » qui se traduit par une perte totale de confiance en elle au fur et à mesure de son vieillissement. A tel point qu’en fin de parcours, on la retrouve figée, ancrée au sol avec le regard pétrifié et éploré.
La difficulté pour les scientifiques qui souhaiteraient trouver le sens et les motifs de ce régressif développement, c’est que pour pouvoir étudier de visu une Limassumepa Cendrée, il leur faudra aller six pieds sous terre.
Une fois parvenus à la porte de Saint-Pierre, ils auront à chercher les limaces convoitées entre les branches des rosiers qui délimitent cette entrée céleste. C’est ici et seulement en ce lieu précis que les Limassumepas Cendrées vivent et se reproduisent. Les biologistes les ont d’ailleurs surnommées à ce titre le mollusque divin.
Toutes Les recherches sur cet animal ont été à ce jour suspendues.
Oyez, oyez ! Humbles pécheurs et croyez en Raclaburnita, Déesse des chefs et managers, coachs et consultants politiques, DRH, politiciens et maîtres chanteurs
Calculatrice émérite, Raclaburnita s’acoquine avec les dieux ambitieux. Ainsi tombèrent dans l’escarcelle de ses stratégiques remue-ménages le Dieu Cépadlaguimove, dieu du sport, très prometteur dans ses jeunes jours, puis le Dieu Tavumarolex, dieu de l’argent, dont la fortune répondait à toutes ses attentes…
Aujourd’hui, les célestes rumeurs laissent entendre qu’elle partage le nid de Bigmamaternum, déesse de la maternité, qui pourtant réfute totalement ces ragots ! Toutefois, si cette information se révèle exacte, chacun pourra décemment se demander si la déesse du pouvoir est réellement amoureuse ou si elle ne cherche qu’à faire chanter tous les géniteurs de la progéniture de son amante ?
Toujours est-il que Raclaburnita saura transformer vos louanges comme vos prières en réussites, rubis sur l’ongle et bague au doigt. Lâchez vos flingues et contrats pour lui transmettre en pensée votre requête spirituelle !
En quelles occasions solliciter les pouvoirs de la déesse du pouvoir, des manigances, de la réussite et de l’égocentrisme assumé
Prendre de l’autorité et accéder au commandement
Acquérir force et puissance et gagner en domination
Maîtriser sa stratégie et manipuler ses équipiers
Grimper en hiérarchie, flinguer en hiérarchie
Construire, renforcer et détruire son entreprise
Tarif et conditions d’utilisation de l’expertise de la déesse du pouvoir et des bons coups
Comme pour toutes les divinités de la Chapelle du fond du parc de la Citadelle du Ty Pouèt, le recours à l’expertise d’une déesse vous oblige à vous plier à des prières bien spécifiques ; ainsi, pour avoir toute l’attention de Raclaburnita, il vous faudra réciter devant la permanence de votre député, ou de votre conseiller régional, ou de votre maire, ou devant la vitrine de votre Alimentation Générale Bar Tabac Journaux Photo Loto, si vous êtes paumé grave, à 3 reprises et à voix haute, le psaume suivant, dit Psaume aux Anges Ponctuels
Père, ne nous laisse pas aller dans la tiédeur que nous ne tolérions les gestes de violence que notre cœur ne rumine vengeance et que ce soir nous mangions bien à l’heure
Habilitations de la déesse du pouvoir, de l’ambition, du stratège et de l’autorité
Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand un drôle de petit cri m’a réveillé. Il disait : – S’il vous plaît… dessine-moi une sardine !
J’ai sauté sur mes pieds comme si j’avais été frappé par la foudre. J’ai bien frotté mes yeux. J’ai bien regardé. Et j’ai vu un gros goéland tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement. Alors j’ai dessiné. Il regarda attentivement, puis : – Non ! Celle-là est déjà très malade. Fais-en une autre. Je dessinai : Mon ami sourit gentiment, avec indulgence : – Tu vois bien… ce n’est pas une sardine, c’est un éperlan… Alors, faute de patience, je griffonnai un nouveau dessin et lui lançai : – Ça c’est une boite. La sardine que tu veux est dedans, avec des copines. Mais je fus bien surpris de voir s’illuminer le visage de mon juge : – C’est tout à fait comme ça que je la voulais !
Je n’en pouvais plus d’être enfermé dans ce tableau, lui-même perdu dans les méandres d’une zone de stockage obscure et froide. J’y figurais avec d’autres démons, gargouilles et farfadets, tout près de la signature du peintre, à peine visible à l’œil nu.
Puis vint le jour de la libération : des flammes partout, mais pas celles de l’enfer, non, celles de la fin de mon calvaire : deux jours de feu intense pour ressusciter, comme d’autres sur leurs croix.
Ma toile et mon cadre consumés, je suis devenu l’ombre de l’ombre d’un spectre fluorescent. Chaque nuit, je prie Saint-Quasimodo et me cache le jour au fond d’un sépulcre dont j’ai seul l’accès.
J’ai hâte de vivre la réouverture au public de ma cathédrale, pour transmettre discrètement aux touristes des répliques du bâtiment que je sculpte dans le charbon des poutres calcinées. Lors de mes balades nocturnes, je les poserai çà et là dans les recoins de l’édifice, entre les bougies sur les porte-cierges, au pied des brûloirs à veilleuses, en souvenir de ma libération.
Témoignages de bagatelle, ce sera là mon unique enfantillage pour les vivants, moi qui suis maintenant hors d’âge et hors du temps.